L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle : un enjeu essentiel

Obligatoire depuis plus de vingt ans, l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) est pourtant régulièrement remise en cause.

Qu’est-ce que l’EVARS à l’école ?

Depuis 2001, la loi impose l’organisation d’au moins trois séances annuelles d’EVARS, dans des groupes d’âge homogène, du CP à la terminale. Plusieurs circulaires sont venues préciser ce cadre, notamment celles du 12 septembre 2018 et du 30 septembre 2022.
Le 30 janvier dernier, un nouveau programme d’EVARS a été adopté. Mais il fait aujourd’hui l’objet d’attaques de la part de mouvements réactionnaires, qui s’appuient sur des mensonges et des fausses informations.

Face aux inquiétudes, parfois légitimes, de certains parents, la FSU-SNUipp tient à rappeler ce que disent réellement les textes officiels et ce que pratiquent concrètement les enseignants.

Progressive et adaptée à chaque âge, l’EVARS transmet une vision égalitaire des relations entre femmes et hommes. Elle contribue à l’apprentissage du respect du corps — de soi et des autres — et sensibilise les élèves aux violences sexistes et sexuelles (VSS).

L’EVARS repose sur trois grands axes :

1. Le champ biologique

Il vise à mieux connaître, respecter et faire respecter son corps.
Selon l’âge, les élèves apprennent à nommer les parties du corps, à comprendre leur fonctionnement, puis découvrent la grossesse, la naissance, la puberté, la reproduction et la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST).

2. Le champ psycho-émotionnel

Il s’agit de développer l’estime de soi, la capacité à gérer ses émotions, à nouer des relations saines, à comprendre les sentiments, à cultiver l’empathie et à parler d’amour et d’amitié. L’EVARS aborde également la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre.

3. Le champ juridique et social

Ce volet vise à construire l’égalité entre filles et garçons, à déconstruire les stéréotypes liés au genre, à enseigner la notion de consentement et à apprendre à dire non.
Les élèves sont aussi sensibilisés à la diversité des familles, à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et aux risques liés à l’usage d’internet.

Une éducation nécessaire face aux tentatives d’entrave

Certains groupes réactionnaires, proches de l’extrême droite, de milieux complotistes ou conservateurs catholiques, cherchent aujourd’hui à empêcher la mise en œuvre de cette éducation pourtant essentielle.
Plus que jamais, il est important de défendre l’EVARS, au service de l’égalité, du respect et de la protection des enfants.

5 bonnes raisons de poursuivre et renforcer l’EVARS

Après avoir rappelé les objectifs fondamentaux de l’EVARS (Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle), il est essentiel d’en souligner l’importance pour construire une société plus égalitaire et protectrice. Voici 5 bonnes raisons supplémentaires pour lesquelles l’EVARS doit être développée dès le plus jeune âge :

1. Pour permettre une meilleure connaissance de soi et des autres

Acquérir des connaissances sur son corps et son fonctionnement est fondamental pour le bien-être. Cela permet aux enfants de grandir avec une image positive d’eux-mêmes, indispensable pour vivre une sexualité épanouie à l’âge adulte. En outre, l’EVARS contribue à prévenir les risques : les jeunes homosexuel·les, par exemple, ont au moins deux fois plus de risques de se suicider que les autres (Baromètre Santé 2017).

2. Pour comprendre et intégrer la notion de consentement

Le consentement est la base de toute relation respectueuse. Or, selon un rapport du Haut Conseil à l’Égalité (HCE, janvier 2024), 37 % des femmes déclarent avoir vécu au moins une situation de non-consentement, une proportion qui monte à presque une sur deux chez les 25-49 ans. L’EVARS permet d’aborder ces questions de manière adaptée, en sensibilisant au respect des autres dès l’enfance.

3. Pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles

Chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, soit en moyenne 2 à 3 enfants par classe (CIIVISE, novembre 2023). L’EVARS joue un rôle clé pour prévenir, détecter et signaler ces violences, en donnant aux enfants les moyens de comprendre ce qu’ils vivent et d’oser en parler.

4. Pour diminuer les stéréotypes et les discriminations de genre

L’écart dans le sentiment d’égalité entre jeunes hommes et femmes se creuse, y compris dans des domaines comme la famille, les transports ou la rue. Selon le HCE (janvier 2024), près d’un homme sur quatre de 25 à 34 ans estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter, et 40 % des Français trouvent normal que les femmes arrêtent de travailler pour s’occuper des enfants. L’EVARS déconstruit ces préjugés en valorisant l’égalité et le respect mutuel.

5. Pour contrer la désinformation et la violence véhiculée par la pornographie en ligne

Aujourd’hui, l’âge moyen d’exposition des enfants à la pornographie est de 8 ans (ARCOM). Ces contenus, souvent violents et dégradants, influencent directement la perception de la sexualité : 44 % des jeunes ayant déjà eu un rapport sexuel déclarent avoir tenté de reproduire des scènes vues en ligne (IFOP, 2017). L’EVARS permet de donner aux jeunes des repères sains et réalistes, loin des fantasmes violents et des stéréotypes.